samedi 10 novembre 2018

Tada 12/06/17




Onze heures de car...de Tingri à Lhassa. Nous progressons lentement avec ce vieil autobus chinois qui semble avoir vécu plus que son temps. La route est parsemée de nid de poule en tous genres, et réveille à chaque contact les passagers endormis que nous sommes. On dirait que ces montagnes veulent nous retenir, comme si elles n'avaient pas vu d'étrangers depuis longtemps, un peu comme les indigènes tibétains. Le Christopher Walken tibétain, notre "pilote" de bus de steppe, s'arrête pour une pose. Elle est belle la jeune dame pipi dans sa tenue tibétaine qui nous autorise à aller soulager notre vessie dans ses toilettes, après un petit "Techitele" respectueux, bonjour en tibétain, ponctué d'un signe de la main et dune inclinaison légère de la tête. Des toilettes dans leur plus simple appareil, une cabane en béton, un trou rectangulaire au sol à travers lequel on peut constater O combien de gens ont eu cette vision et senti ces effluves pourtant si intimes dans nos contrées occidentales. Et c'est parti on ouvre les vannes du soulagement, Ahhhhhh.
Me dirigeant vers le bus, je vois que notre dame pipi a pense à ses petits traumatisés olfactif et visuel. Elle nous propose de nous laver les mains avec de l'eau tout simplement, coulant d'un bidon rafistolé et fuyant légèrement.
Cette eau fraîche venant de ces belles et majestueuses montagnes, me permet de me rafraîchir le visage un peu tuméfié par le léger sommeil entamé dans le car, de me réveiller aussi.
Reprenant mes esprits, retrouvant mon attention, je regarde autour de moi et vois notre dame pipi me fixant et faisant mime de passer de ses mains mouillées sur son visage puis sur le mien. J'opine du bonnet, lui indiquant qu'elle peut s'approcher...et Elle pose délicatement ses mains fraîches et humides sur mon visage. Elle recule d'un coup, pensant avoir franchit un interdit, rattrapée par son éducation, ou sa jeune collègue qui avait un regard réprobateur. Elle reprend ses esprits, et je m'approche d'elle, mes mains prêtes à venir caresser son visage, Elle a un moment d'hésitation, encore l'ego, l'éducation, le regard de l'assemblée touristique et tibétaine présente, puis se laisse faire.
Elle rougit...sourit et cancanne avec sa collègue. Puis Elle me prend par l'épaule et m'enlace avec l'autre bras pour faire une photo, sa collègue sortant son portable dernier cri pour la réaliser. Évidemment, le poulailler touristique s'émerveillant de ce contact, accoure en caquetant pour prendre des photoooos, leur graal, oubliant qu'ils ont aussi des yeux, un ressenti, des émotions, une âme. Oubliant qu'ils ne sont pas dans leur salon devant leur TV.
Perdus dans leur samsara pour l'instant, comme nous tous, sur leur propre chemin de l'éveil, tôt ou tard, quand ils prendront conscience de leur âme, accepteront leur identité intérieure, pure, ombre et lumière, peur et joie. La connexion à sa propre âme se fait en vivant l'instant présent.
Puis Kelsa, notre rayonnante guide locale, avec son sempiternel "on y vaaaa", nous enjoint à regagner le bus pour reprendre notre périple.
C'est la que je sens la main de notre Christopher Walken tibétain me retenir par l'épaule, je tourne la tête et je vous Ma dame pipi me regarder avec tristesse, puis, Elle vient me chercher, me prend par Le Bras et m'emmène dans sa tente traditionnelle, le poulailler exulte. Je La regarde dans les yeux, passe Ma main amicalement et avec tendresse dans son dos et reprend Ma route vers mon samsara...mon nirvâna...
Ainsi Les tibétains et leurs homologues, les montagnes, semblent nous dire, restez dans la conscience, l'authenticité, La Vérité, l'instant présent...ne partez pas, ne vous éloignez pas de vous même.
Tada

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